L’extrême-gauche, c’est quoi ?

Après un long développement sur l’extrême-droite, le Coach T. répond à une question qui lui a été posée : Comment définir ce qu’est l’extrême-gauche, et comment savoir si tel ou tel parti (à tout hasard, La France Insoumise) peut être qualifiée d’extrême gauche, (comme le fait notre Narcisse-Président Emanuel Macron au sujet de LFI) ?

Comme vous l’avez compris, le Coach T. étant par nature un peu fainéant, il pensait que le Prof Patrick allait se coltiner le sujet. Mais pas de bol, le nombre bien plus réduit de chroniques radio cette année n’a pas permis à l’industrieux Prof Patrick de se pencher dessus.

C’est donc le lazy Coach T. qui s’est est collé !! Lisons sa réponse :

Introduction

Bon, le Prof Patrick et moi-même avons largement développé notre vision de ce qu’est l’extrême-droite. S’il ne fallait retenir qu’un seul critère pour repérer l’animal, c’est sans doute celui de la remise en cause systématique des principes fondamentaux de la démocratie qui est le bon : ça ne loupe pas, vous aurez toujours dans un programme d’extrême-droite des sorties sur la volonté de remettre en cause les prérogatives du Conseil Constitutionnel, du Conseil d’Etat et de la Cour de Justice de l’Union Européenne, bref, les instances-clé qui garantissent l’équilibre des pouvoirs en démocratie.

Mais alors, et l’extrême-gauche ? Comment on la définit ?

Aujourd’hui, il faut vivre avec son temps et utiliser tous les outils à notre disposition pour économiser notre fatigue.

Dis donc, Chat Gpt, c’est quoi l’extrême-gauche ?

J’ai donc posé la question à Chat Gpt !!!!

Voici sa réponse :

La notion d’extrême gauche est complexe et multidimensionnelle, souvent définie par un ensemble de critères idéologiques, politiques, et sociaux. Voici quelques critères clés utilisés pour définir l’extrême gauche :

1. Idéologie Anti-Capitaliste et Anti-Libérale

Opposition au Capitalisme : L’extrême gauche se caractérise par une opposition radicale au capitalisme, souvent prônant des alternatives socialistes ou communistes.

Critique du Libéralisme Économique : Rejet des principes du libéralisme économique, tels que le libre marché et la propriété privée des moyens de production.

2. Objectif de Transformation Sociale Radicale

Révolution Sociale : L’extrême gauche vise une transformation profonde et rapide de la société, souvent par des moyens révolutionnaires ou des changements structurels majeurs.

Égalitarisme : Promotion de l’égalité totale entre les individus, non seulement en termes économiques, mais aussi en termes sociaux et politiques.

3. Approche Anti-Impérialiste et Anti-Colonialiste

Critique de l’Impérialisme : Lutte contre l’impérialisme et le néocolonialisme, souvent en solidarité avec les mouvements de libération nationale.

Internationalisme : Préférence pour la solidarité internationale et la coopération entre peuples, contre les politiques impérialistes des grandes puissances.

4. Défense des Droits des Travailleurs

Syndicalisme Radical : Soutien aux syndicats et aux mouvements de travailleurs, souvent avec une orientation vers des actions directes et des grèves générales.

Autogestion : Promotion de l’autogestion des entreprises par les travailleurs, opposée à la gestion capitaliste ou étatique.

5. Opposition à l’État et au Pouvoir Centralisé

Critique de l’État : Méfiance envers les structures étatiques, perçues comme des instruments de répression au service des classes dominantes.

Anarchisme : Pour certains courants, une vision anarchiste prônant l’abolition de l’État et la création de sociétés auto-gérées.

6. Engagement en Faveur des Minorités et des Droits Civiques

Défense des Droits des Minorités : Lutte pour les droits des minorités ethniques, sexuelles, et autres groupes marginalisés.

Féminisme Radical : Soutien aux mouvements féministes, avec une perspective de transformation radicale des rapports de genre.

7. Méthodes de Lutte

Action Directe : Préférence pour l’action directe, y compris les manifestations, les occupations et les sabotages, plutôt que les actions parlementaires ou électorales.

Démocratie Directe : Promotion de la démocratie directe et participative, souvent à travers des assemblées populaires et des conseils de travailleurs.

Bon, en voilà un qui bosse !! Et en plus, cerise sur le gâteau, la nouvelle version nous donne même ses sources (ce qui n’était pas le cas des versions précédentes). Les voici :

Références Théoriques et Bibliographiques :

Perry Anderson – “Considerations on Western Marxism” (1976) : Une analyse des courants marxistes occidentaux et leurs divergences avec le marxisme-léninisme.

David McLellan – “Marxism After Marx” (1979) : Un examen des différentes écoles de pensée marxiste qui ont émergé après Marx, y compris les courants d’extrême gauche.

John Holloway – “Change the World Without Taking Power” (2002) : Une réflexion sur les moyens de transformation sociale sans passer par la prise de pouvoir étatique.

Ernesto Laclau et Chantal Mouffe – “Hegemony and Socialist Strategy” (1985) : Une étude sur la théorie de l’hégémonie et les stratégies pour une politique radicale démocratique.

Noam Chomsky – “Understanding Power: The Indispensable Chomsky” (2002) : Recueil de discussions et d’analyses sur le pouvoir, la politique et les alternatives radicales.

Ok, ses sources sont anglo-saxonnes uniquement. Mais on peut au moins vérifier le sérieux des auteurs.

Bon, c’est bien, tout ça, mais, face à une réponse aussi riche et structurée se pose toujours la question : est-ce qu’il faut que tous les critères soient présents pour définir un parti d’extrême-gauche ? Pas évident dans ce cas, car il y aura toujours des critères qui ne fonctionneront pas.

Alors, peut-on se contenter d’un, deux ou trois critères ? Lesquels ?

De toute façon, c’est le problème inverse qui va se poser dans ce cas : on aura beaucoup de candidats au titre d’extrême-gauche, parfois assez différents les uns des autres.

Bref, me voilà pas très convaincu…

Ma première rencontre avec l’extrême-gauche

De mes ruminations est remonté à ma mémoire un souvenir TRES ancien, puisqu’il remonte à la première moitié des années 80. J’étais étudiant à l’université Lyon 2, université de gauchistes notoire à l’époque, et je côtoyais un étudiant pour un cours assez rigolo que j’avais choisi (le genre de module un peu hors sujet où on peut se faire plaisir) qui s’appelait « analyse de la chanson »

J’avais constitué un binôme avec cet étudiant de nationalité Tunisienne, je crois, qui était en France pour ses études (je ne sais plus ce qu’il étudiait, l’économie, je crois) … J’ai souvenir que l’enseignant avait été enthousiasmé par notre travail d’analyse de la chanson « BIKO » de Peter Gabriel…

Et donc, à force de rencontre, on s’est connus un peu mieux et j’ai découvert qu’il était un ardent supporter de mouvements de libération Africains Marxistes, ce qui ne me choquait pas vraiment, car l’Afrique était quand même une terre de colonisation politique, puis à l’époque économique.

Puis, au détour d’une discussion, j’ai découvert un aspect assez inquiétant (du moins, de mon point de vue) de la dialectique de mon ami : c’était sa logique « le Parti a toujours raison ». Sa conviction fondamentale est qu’il ne fallait JAMAIS remettre en cause les positions du Parti, et donc toujours se soumettre à ses ordres quels qu’ils fussent.

N’étant à l’époque pas totalement né de la dernière pluie, j’avais pourtant en tête des tas d’exemples de décisions de partis d’obédience marxistes qui étaient plus que contestables, mais rien ne le fit bouger de sa position : il faut se soumettre aux décisions du Parti, il est par nature INFAILLIBLE !!!!

Ce qui m’est venu à l’esprit à l’époque, c’est le caractère complètement religieux de ce type de position. Un comble quand on parle de mouvements tous issus des travaux de Marx, l’auteur du fameux « la religion est l’opium du peuple » (1843 dans « critique de la philosophie du droit de Hegel »)

La « religion » Marxiste serait-elle l’opium du peuple révolutionnaire ? C’est un peu la conclusion que je m’étais faite, et qui avait encore renforcé ma méfiance envers ces mouvements.

Le Coach T.  se mouille

Bref, ma réponse à la question « Qu’est-ce que l’extrême-gauche ? » sera double :

C’est un mouvement (ou parti, selon les cas) qui :

1/ Ne croit pas et ne compte pas sur les processus démocratiques pour arriver à ses fins (prendre le pouvoir et transformer la société pour la faire sortir du capitalisme), mais qui compte sur un processus révolutionnaire, mené (en théorie) par le peuple (les prolétaires dans le jargon Marxiste, mais ce terme n’est plus obligatoirement utilisé de nos jours)

2/ Eprouve envers ce processus une sorte de foi religieuse, celle-ci se portant soit sur le Parti en question, soit sur le Peuple, ou les Prolétaires, voire sur l’idée même de révolution. Avec toutes les conséquences que ça implique : interdiction de discuter les orientations, la justification de tous les moyens utilisés pour une FIN radieuse…

Revenons sur les affirmations Macroniennes : La France Insoumise est-elle un parti d’extrême-gauche ?

Non.

C’est un parti qui joue son jeu dans le cadre des règles démocratiques : il veut arriver au pouvoir et appliquer son programme par les urnes, les choses ont toujours été claires à ce niveau

Alors, qu’est-ce qu’on a comme partis d’extrême-gauche en France ?

Les plus connus : le NPA et Lutte Ouvrière. Les deux participent aux élections en disant explicitement qu’ils ne comptent pas dessus pour prendre le pouvoir, mais qu’ils comptent sur un processus révolutionnaire.

Un exemple de raisonnement d’extrême-gauche

Pour finir, voici une vidéo qui montre une intervention récente de l’économiste et philosophe français très respecté à gauche, Frédéric Lordon, où il nous présente son analyse de la situation politique française après le 2e tour des législatives.

Elle est passionnante, car elle nous montre typiquement un raisonnement intellectuel (solide, et, comme toujours avec Lordon, rédigé avec une belle écriture) fondé sur une vision politique d’extrême-gauche : la voie des élections est une impasse vouée à une défaite inévitable. Il ne reste que la solution de la révolution.

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